Nicolas Mulot
Co-fondateur école de Trail du Bout du Monde
Finisher du GRF 2023 en 24 h 37 m 53 s (12eme)
Peux-tu nous raconter ton parcours en trail et ce qui t’a poussé à choisir cette discipline ?
J’ai toujours aimé la course à pieds et même si j’ai fait un peu de route, j’ai rapidement préféré le Trail.
Je crois me souvenir que le premier Trail que j’ai fait était le trail de Noël à Ollioules en 1998 ou 1999.
Ça devait être un 15 ou 20 km et J’étais au bout de ma vie. J’avais mal partout et des crampes aux 2 jambes comme le pote avec qui j’étais. On n’en pouvait plus mais on était mort de rire.
L’effort était dur et faisait mal mais j’avais adoré.
Par la suite j’ai fait qqes courses mais c’est surtout à partir de 2013 que j’ai accentué ma pratique et les distances.
J’ai pu me rendre compte que c’est la longue distance que j’apprécie le plus même s’il est beaucoup plus compliqué de gérer tous les paramètres (sommeil, alimentation, effort long, équipements…)
J’aime passer de longues heures, 1 nuit, 2 nuits en pleine nature et principalement en montagne.
Plus c’est technique et dur, plus j’adore.
On se sent déconnecté du reste mais tellement vivant en même temps.
Y a-t-il un athlète breton (ou pas) qui t’inspire ou te motive dans ta pratique du trail ?
Il y a de nombreux athlètes Bretons très inspirants, que ce soit dans l’ancienne génération et la nouvelle qui monte fort en ce moment mais 1 seul nom restera graver dans la mémoire de tout le monde: Matthieu Craff décédé sur les pentes du Mont Blanc en 2017.
C’était une figure montante du trail Français, une personne d’une grande gentillesse et très facile d’accès.
Mais pour finir cette réponse sur une note positive j’ai hâte de suivre l’évolution de Théo Le Boudec en ce qui concerne les Bretons.
Quel est ton équipement indispensable pour un trail en Bretagne et pourquoi ?
Je suis amateur de casquette alors sans hésitation ma casquette! Je ne cours jamais sans.
En Bretagne le temps change tout le temps alors la casquette est l’équipement idéal aussi bien pour le soleil que pour la pluie.
Quel est ton plat Breton préféré et qu’est-ce que tu rêves de manger à l’arrivée d’une course ?
Je ne résiste pas à une bonne galette saucisse et après un gros effort, ça cale bien.
J’adore aussi me manger un bon burger ou une pizza après la course.
J’ai une grosse envie de gras avec un coca. Après, place à une bonne bière bien fraîche avec les copains.
Est-ce que tu as une chanson ou un groupe breton que tu écoutes pour te motiver pendant tes entraînements ou avant une course ?
Que ce soit en entraînement ou en course, je n’écoute jamais de musique.
J’ai toujours préféré rester connecter à mes sensations, à mon environnement et mes pensées.
Bon en fait à la base c’est parce que je n’ai jamais réussi à faire tenir des écouteurs en courant alors j’ai laissé tomber .
Pour me motiver dans les moments durs,et me booster, je me parle.
En tout cas, toutes les musiques de départ de course me dressent les poils des bras et me retournent l’estomac.
Quel est le plus beau paysage que tu as découvert en courant en Bretagne ?
En Bretagne, chaque paysage decouvert est magnifique mais j’ai vraiment une préférence pour le côtier et plus particulièrement le goulet de Brest.
C’est très probablement parce que j’y ai navigué pendant des années dans mon ancienne vie dans la Marine Nationale.
Les couleurs y sont toujours différentes et j’aime sentir l’air salin et les embruns sur mon visage.
As-tu des superstitions ou des rituels avant une course ? Un petit grigri peut-être ?
Je n’ai pas vraiment de superstitions mais plutôt de petits rituels et habitudes sur la façon de préparer mes affaires et ranger mon matériel.
Et j’ai toujours avec moi des bracelets offerts par ma femmes et mes enfants.
Quel a été le défi le plus difficile que tu as relevé lors d’un trail en Bretagne ou ailleurs ?
Alors je vais en citer 2.
Pour la Bretagne, c’est mon premier Grand Menestrail 54 km à Montcontour.
Il faisait très froid, il y avait de la pluie du vent et une quantité de boue incroyable.
C’était juste horrible mais grosse ambiance et tellement gratifiant de franchir la ligne d’arrivée.
Y’a pas à dire, les trail Bretons te forgent le mental.
Et sinon c’est L’ultra Trail du haut Giffre avec L’ultra Tour des lacs aux cimes, 130 km pour 9000m d+ à Samoens.
Un ultra très technique, très exigent et montagnard.
Un bon gros morceau comme on les aime et de toute beauté.
De loin le plus beau que j’ai pu faire jusqu’ à présent. mais aussi le plus dur.
Rien ne s’est passé que je l’avais prévu. 1 bâton cassé à même pas 20 km de course, une hypo et de gros soucis pour m’alimenter.
Mais j’ai quand même réussi à aller au bout après 2 nuit dehors.
Peux-tu partager avec nous le moment le plus drôle ou le plus insolite que tu as vécu pendant une course ?
Ça s’est passé à Samoens pendant l’Ultra des lacs aux cimes.
Au bout de 2 nuits passées dehors, on commençait à avoir des hallucinations avec le gars avec qui j’étais.
On voyait des tyroliennes dans les sapins mais en fait il n’y avait rien du tout, des gens au loin au bord du chemin à attendre le passage des coureurs mais en fait c’était des rochers ou des souches.
On était explosé de rire à chaque fois parce qu’on avait jamais nos hallucinations en même temps et c’était toujours drôle de constater que l’autre voyait des choses alors qu’il n’y avait rien.
Une autre fois, pendant l’UT4M Master 100, j’arrive à un ravito, ma femme était présente et comme elle savait que j’avais souvent du mal à m’alimenter, elle me demande si j’ai bien mangé qqc.
Le gars qui était à côté de moi, dont la tête me disait qqc, me balance complètement à ma femme en se marrant et lui dit que je n’ai rien mangé et que ce n’est pas bien.
J’ai percuté ensuite pendant la course que je m’étais fait branché par Benoît Laval, le fondateur de Raidlight.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans le trail ?
Je leur dirai qu’ils ont bien raison mais qu’ils ne doivent pas brûler les étapes et y aller progressivement en ce qui concerne les distances.
Le plaisir dans ce sport se retrouve aussi bien sur les distances courtes que sur les longues.
Et avant de s’attaquer à du long, il faut préparer et habituer son corps et le long ne convient pas à tout le monde.
Et au-delà de la distance, le plaisir se trouve dans les rencontres et le partage que l’on fait sur les courses et aussi sur les off.
Et surtout, il faut garder en tête que le trail n’est qu’un jeu, un sport et qu’il faut d’abord s’amuser et prendre du plaisir.
Où te vois-tu dans cinq ans ? Quel trail que tu n’as pas fait te fait rêver ?
Dans 5 ans, je me vois encore sur les sentiers Bretons à m’entraîner pour pouvoir affronter les Ultra en montagne.
Il y a de nombreuses courses en France et à proximité que je n’ai pas encore courues alors j’ai l’embarras du choix, mais toujours sur du long.
Les Pyrénées, les Alpes (Françaises et Suisse), la Corse…
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